La quantité d’informations qu’on pouvait mettre sur une carte était limitée. Aujourd’hui, plus on a d’infos mieux c’est, parce que nous disposons des instruments pour la trier et parce que cela permet d’avoir des connexions plus riches. Nous pouvons introduire nos doutes et nos ambigüités dans nos classifications personnelles et nous pouvons les partager avec qui bon nous semble. C’est ce qui explique la puissance du modèle reposant sur le désordre que Weinberger met en avant dans son livre Everything is Miscellaneous (dont j’ai parlé avant-hier et hier ).

Si cette invitation au relativisme vous choque, ne manquez pas son récit détaillé des difficultés de la communauté scientifique pour définir une planète. Pour simplifier: les désaccords persistent. Les discussions continuent. Ça m’a vraiment surpris.

Ce livre en énerve plus d’un et suscite des critiques largement idéologiques de ceux qu’affole cette « montée des amateurs ». Vous en trouverez des exemples dans les confrontations publiques entre Weinberger et Andrew Keene auteur du « The Cult of the Amateur: How Today’s Internet is Killing our Culture ». Il s’agit d’une opposition radicale.

C’est sur le blog japonais (en anglais, rassurez-vous) de Chris Shioyama que j’ai trouvé une des observations les plus intéressantes. Shioyama rappelle que sur l’internet il y a une grande catégorisation difficile à ignorer: celle des langues. Plein de frontières et de barrières s’effacent, notamment celles qui séparent une catégorie d’une autre, mais les langues demeurent. Elles définissent la nouvelle géographie de l’internet… en attendant d’avoir des instruments valables de traduction automatique.

Je ne manque pas de réserves sur ce bouquin. Je n’apprécie guère plus la surabondance d’anecdotes censées nous accrocher. C’est à la mode et ça a le grand mérite de rendre la lecture plus facile. Mais, en l’occurrence, ça empêche souvent de suivre le raisonnement.

Il ne parle pas assez du fait, fondamental, que l’ancien et le nouveau coexistent et s’interpénètrent. C’est sans doute une des dimensions que nous avons le plus de mal à comprendre alors même qu’elle est essentielle en ces temps de changements rapides et profonds.

Mais son explication de l’impact du monde digital sur la façon dont nous organisons les connaissances et donc sur la façon dont nous pensons est stimulante. Il nous aide à mieux comprendre comment les nouvelles technologies de l’information et de la communication et le passage au digital affectent nos relations au savoir et à la connaissance. Il propose une des façons d’aborder le problème. Ce qui compte c’est de l’aborder.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...