Lulu.com est sans doute le site le plus connu de ceux qui veulent publier leurs propres livres sans avoir à passer par une maison d’édition traditionnelle. Chacun peut s’inscrire puis mettre en ligne textes, images ou sons que le site l’aidera à formater. Le site compte plus d’un million d’utilisateurs et 400.000 auteurs m’a expliqué Bob Young, son président en nous présentant la compagnie.
Young est un entrepreneur canadien connu dans les milieux high-tech pour être l’un des deux fondateurs de Red Hat , une des sociétés les plus importantes du software libre. Il a également créé le Linux Journal et, en 2002, Lulu.com qu’il préfère le présenter comme « un marché électronique pour le contenu ».
Ne détestant pas l’humour il se présente comme « le pire élève que vous ayez jamais rencontré. Après 16 ans passés à ce qu’on me dise que j’étais le plus stupide de la classe je pense toujours que mes critiques sont plus intelligents que moi et cherche à comprendre leurs raisons même si je crois que j’ai raison. » Quand il parle de Lulu, il lui arrive aussi de dire que « A la différence de ce qui nous arrive, Amazon.com ne peut pas prétendre avoir la plus grande collection de mauvaise poésie du monde. »
« Nous avons 700.000 titres dont 40% n’ont pas encore été publiés une seule fois. Nous en imprimons moins de deux exemplaires en moyenne, » nous a-t-il déclaré lors d’un entretien qui a eu lieu à Paris en novembre.
Q – Quelle est la proportion de livres électroniques?
R –Les ebooks sont le futur de notre business. Ils représentaient 2% de nos ventes il y a trois ans, 10% aujourd’hui. Si la proportion est la même dans cinq ans, c’est que nous aurons échoué.
Q – Comment une telle entreprise peut-elle marcher?
R – Tout est digital. Nous n’avons aucun problème de stock physique et nous n’imprimons que lorsqu’un livre est commandé. Nous n’avons pas de machines et utilisons le plus souvent celles fabriquées par Xerox pour l’impression à la demande (Print on Demand ou PoD). Nous calculons le prix de la fabrication puis l’auteur fixe la marge qu’il veut. Il empoche 80% de la différence et nous 20%. Certains auteurs commencent à gagner leur vie grâce à Lulu. Ils étaient douze l’an dernier et seront une soixantaine cette années. Toute la difficulté consiste à faire connaître le texte.
Q – Comment cela peut-il être résolu?
R – Nous avons travaillé très activement avec Google. Ce qu’ils font est excellent pour les auteurs. Ils permettent de les trouver. C’est notamment vrai pour ceux qui traitent de sujets que les maisons d’édition ignorent. Aujourd’hui, seuls les très grands ont peur qu’on utilise le net. Les autres sont prêts à tout pour qu’on les trouve.
Q Pourquoi refusez-vous de vous définir comme maison d’édition?
R – Parce que je veux être un marché (marketplace) pour le contenu digital. Il n’y a pas beaucoup d’eBay ni d’Amazon. C’est terriblement difficile. Mais l’ordinateur ne distingue pas entre les 1 et les 0 qu’il s’agisse de livres, de vidéos ou de podcasts. Nous ne sommes pas loin de voir tous ces contenus converger dans de nouvelles formes et c’est alors que nous aurons le « moment iPod ».
A suivre…